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MANAGER, C’EST DUR! (article 1)

Afin de pousser ma réflexion un peu loin que les simples posts Linkedin je vous propose des articles conjoints dans lesquels je vais explorer les idées que j’aborde et préciser les références sur lesquelles je m’appuie pour nourrir ma réflexion.

Je veux ajouter que ce qui m’a poussée à écrire sur ce thème déjà très commenté, étudié, observé, sont les échanges que j’ai avec mes clients qui sont, à 95%, mis en difficulté dans la dimension relationnelle de leur métier et de leurs responsabilités.

#1 Définition du management non-scientifique assumée.


A force d’observations, d’expériences, d’échanges, j’en suis venue à me dire que le mot « management » est porteur de complexité pratique et concrète plus que théorique.

Aussi ma définition non-scientifique s’attache à mettre en lumière ce que j’appelle la complexité concrète du management, à savoir pourquoi il n’y a pas d’outils magiques qui facilitent la tâche des managers.

1/ C’est un métier qui requiert des compétences : relationnelles, organisationnelles, d’intelligence émotionnelle, d’écoute active, de vision, de compréhension des enjeux systémiques, économiques, sociaux. Or le développement de ce type de compétences se prévoit et s’accompagne. #compétencesmanagériales

Dans de nombreuses entreprises, on accède à un poste de management dans le cadre d’une promotion interne. Promouvoir un expert de son métier (acheteur, contrôleur de gestion, maçon, banquier, assureur, boucher.e  ingénieur.e, infirmier.e…) au poste de manager, est une belle marque de confiance et de valorisation du travail accompli ; mais la réussite de ce néo-manager dépendra de l’accompagnement qu’il reçoit pour lui permettre de développer les compétences spécifiques en management. La formation, l’accompagnement individualisé en coaching, des groupes d’échanges de pratiques sont autant de moyens pour permettre au manager de s’installer peu à peu dans les exigences de ce métier supplémentaire, qui s’ajoute à une charge de travail qui l’occupe déjà à plein temps.

Pour apprendre à nager, on ne jette pas l’apprenant dans un bassin sans bouée, et sans leçon : c’est un apprentissage qui est progressif, accompagné, car l’enjeu sera d’abord de se familiariser avec cet environnement qui peut être hostile si le sentiment dominant est la peur.

Manager est un métier car c’est un ensemble de tâches variées, complexes impliquant divers interlocuteurs, il mobilise de nombreuses qualités, compétences, et connaissances de l’environnement dans lequel on l’exerce.

2/ Manager n’est cependant pas qu’un métier, c’est aussi une relation complexe, une équation à 3 facteurs : le manageur et son « intime », le manageur et les collaborateurs, le manageur dans son environnement.

  • Le manager et son « intime » fait référence à la personne qu’elle est. Prendre le temps de se demander comment en tant que personne ai-je envie de me positionner dans la relation, dans l’environnement, pour me permettre de contribuer dans ce collectif et de le faire de manière consciente et assumée.
  • Le manager et les collaborateurs : il y a là un enjeu de « nourrir la relation », comment installer un principe de réciprocité où chacune des parties est engagée dans la relation avec une conscience aigüe de sa responsabilité. Cette responsabilité sera aussi à l’œuvre dans la communication : comment peut-on améliorer les choses pour que, au mieux, l’autre, a entendu et compris ce que j’étais en train de lui dire, cela s’applique à l’ensemble du spectre des postes présents dans l’organisation.

La communication est trop souvent incomplète, imprécise, quelque fois inadaptée, et source de grand stress quand elle est trop numérique.

L’authenticité est, de plus en plus une qualité valorisée, elle est en effet un atout si chacune des personnes engagées dans la relation managériale est consciente de son rôle et de sa responsabilité dans la vitalité de la relation : comment je m’y engage avec une appétence des interactions constructives qui me permettent de rester au plus près de la situation dans le respect de la dignité humaine. #intelligenceémotionnelle #communication.

  • Le manager dans son environnement : dans sa fonction et ses responsabilités se demander que puis-je faire dans mon organisation d’entreprise pour commencer à transformer le rapport au travail, à l’économie ? Faire preuve du discernement nécessaire pour bien comprendre la place que j’occupe dans ce système et se savoir capable de trancher tout en restant au plus près de la situation. La bienveillance est une autre qualité très attendue, mais être bienveillant c’est d’abord et avant tout trouver ce juste équilibre entre pouvoir interagir en faisant valoir son autorité quand cela est nécessaire tout en laissant un espace à la bienveillance je n’abîme pas la dignité humaine dans l’exercice de mon autorité.

Cela suppose qu’il y ait un cadre de travail, des régles de vie collectives, communes et partagées, qui assurent le bon fonctionnement de l’organisation.

3/ le management c’est du temps, car pour qu’une relation s’installe, il est essentiel de la nourrir. Mais les manageurs ont déjà un métier, vous vous rappelez ? donc ils cumulent un métier, une fonction, et la responsabilité du bien-être de tous… car on est d’accord c’est très important ! Or c’est une équation complexe, stressante ; et qui peut, à certains égards, alimenter le fameux syndrome de l’imposteur.

Je suis convaincue que le bien-être au travail est une arme de « performance massive », encore faut-il préciser ce que, pour chaque organisation, performance engage et signifie.

Dominique Steiler (professeur à Grenoble école de management, et auteur de Osons la paix économique, ed.deboeck supérieur, 2017) dit mieux que moi la chose suivante : « bien-être au travail ne veut pas dire que tout va toujours bien. Le bien-être au travail c’est comment je m’intègre, je m’engage, et je contribue au lieu dans lequel j’ai une dimension professionnelle en apprenant à traverser au mieux toutes les situations que je rencontre : les bons moments ? les moments gris (neutres et ennuis) ? les moments de tensions (stress qui est majoritairement relationnel : gestion de conflits), on est mal formé et éduqué à faire face aux tensions, aux conflits ? »

« On a tendance à penser que si on résout les problèmes, les gens iront mieux, sauf que l’on voit bien que ça ne marche pas (cf les chiffres de la souffrance au travail, le niveau de désengagement, et les difficultés de recruter). » ajoute Dominique Steiler.

Si je veux aller bien, je dois développer des activités qui vont faire émerger des émotions positives.


Une fois que cette définition posée, quoi faire ? Dans mon quotidien qui me pressionne, où je ne me sens pas toujours entendu dans mes besoins (ex : je pallie le manque de bras dans mon équipe, par conséquent je ne peux pas partir en vacances sans passer quelques heures chaque jour à traiter les urgences), comment peut-on trouver les leviers de relâcher la pression ?

Je propose de tourner notre regard vers le sport de haut niveau dont on aime s’inspirer, et je vous propose de :

#2 « Revenir aux basiques »

@vetlesjastadchristiansen, biathlète norvégien, indique en légende d’une série de photos lors du premier stage de reprise de préparation : « pour la 15ème année consécutive, recommençons avec les basiques » (🇬🇧 « for the 15th year in a row, just starting basic »).

Quels seraient les basiques du management?

Il me semble identifier que nous avons tendance à perdre de vue les basiques, notamment quand l’expérience s’étoffe, les habitudes s’installent ; or une équipe est en mouvement permanent soit en termes d’effectif, soit en termes de compétences qui se développent.

Et c’est une vraie difficulté, de se mettre dans les chaussures de celle ou celui qui n’a pas toujours eu la maitrise.

Reprenons l’exemple de nos premières heures dans une piscine, pour ce qui me concerne, j’avais peur, je me sentais minuscule, avec la désagréable sensation que cette masse d’eau allait m’engloutir. De quoi avais-je besoin ? de temps pour me familiariser, d’encouragements, de défis pas trop difficiles à surmonter mais assez challengeants pour me donner envie de progresser. Et puis il y avait des fois où la peur prenait le dessus, hop je reposais un pied par terre et je faisais semblant de continuer à nager… Et puis s par fierté car la copine d’à côté réussissait mieux, je produisais un effort significatif pour surmonter ma peur, et cet effort me permettait de réaliser ce que l’on me demandait et me confirmer que j’en étais capable, à mon rythme, car sur ce point nous sommes tous différents dans notre façon de nous approprier la nouveauté, c’est alors que les « basiques » sont importants !

Ils sont de 2 natures : ceux qui relèvent de qualités personnelles, puis ceux qui relèvent de compétences (techniques ou gestes qui ont été appris).


Les qualités personnelles :

  • Nourrir simplement la relation avec des « bonjour », « merci », « quel bon travail »,
  • Prendre des nouvelles : « comment ça va aujourd’hui ? » et écouter la réponse.
  • Que s’il nous arrive d’en avoir marre, ça arrive aux autres aussi !
  • Accepter l’apprentissage en continu : quelque fois il y aura des « loupés » qui vont créer de l’inconfort, mais peu ne s’en sont pas remis.es !
  • Que l’expertise n’est pas immédiate
  • Qu’une journée de travail n’est pas extensible à l’infini
  • Se rappeler ce que l’on appréciait particulièrement chez notre manageur inspirant, ou au contraire ce qui nous a amenés à choisir un autre chemin.

Les compétences relationnelles :

  • Que je ne peux pas deviner ce qu’il y a dans la tête de mes collègues tant que je ne le leur aie pas demandé.
  • Si je n’ai pas de réponse : 1/ c’est ok, 2/ je le dis, 3/ je cherche une réponse
  • La routine est un fonctionnement en mode économie d’énergie, souvent nécessaire pour gérer la pression du quotidien !
  • Le besoin fondamental pour une relation (de travail) saine = la SÉCURITÉ. Si j’ai peur, je ne peux pas progresser, je ne m’engage que prudemment, et je n’exploite qu’une petite partie de mon potentiel. Les organisations ont donc beaucoup à perdre.
  • Nous sommes TOUS des êtres irrationnels : les émotions c’est la VIE, et j’ai appris à ne pas en avoir peur voire les piloter.

Cette liste de basiques n’est pas exhaustive, mais mettre en œuvre cet échantillon là dès demain pourrait bien produire des effets plus conséquents que vous n’oseriez l’imaginer…

Je vous invite à remettre en œuvre ces basiques… Rien de nouveau, juste un rappel à haute valeur ajoutée, avec un investissement minimum. Si les champions l’intègrent et y reviennent constamment dans leur préparation, c’est qu’il y a probablement quelque chose à imiter…

Je suis très curieuse et intéressée par vos retours d’expériences pour celles et ceux qui ont testé. N’hésitez pas à m’envoyer un message en MP sur mon profil LinkedIn, je serai tellement ravie de vous lire.

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