Dans mon précédent article j’ai essayé de décrypter de manière simplifiée le fonctionnement de nos émotions, et le rôle qu’elles jouent dans nos relations interpersonnelles (au travail, mais cela marche aussi pour les relations personnelles). Je voudrais aujourd’hui vous suggérer d’explorer des situations managériales dans lesquelles les émotions pourraient faire une différence intéressante.
D’abord un rappel en forme de bonnes nouvelles s’impose :
- l’intelligence émotionnelle[1] n’est pas innée donc c’est une compétence que tout le monde peut développer ;
- La deuxième bonne nouvelle : la plasticité de notre cerveau, nous permet, pour peu que l’on pratique tous les jours, de développer de nouvelles compétences ou connaissances ;
- Et, troisième bonne nouvelle, on crée des nouvelles connexions neuronales toute notre vie, donc pas d’âge de « péremption » pour développer de nouvelles compétences !
[1] Cf Les intelligences multiples de Howard Gardner.
Je le dis dans le précédent article, les émotions négatives ne sont pas bienvenues dans l’entreprise, pourtant, le climat émotionnel n’est pas toujours à la joie et souvent à la morosité, surtout depuis les 18 derniers mois. Alors que fait-on de tout cela ? Pythagore a dit : « Aucun homme n’est libre, s’il ne sait pas se contrôler !», quel visionnaire ! Car en effet les émotions sont un moteur d’efficacité formidable si on sait les gérer, les piloter même !
Alors il existe plusieurs « stratégies » pour gérer ses émotions :
- On peut les ignorer, et alors elles augmentent le son jusqu’à bloquer la situation ou déclencher des réactions physiques fortes ;
- On peut les réprimer, elles explosent plus tard comme une cocotte-minute en surpression ;
- On peut les bloquer, elles déclenchent des maladies ;
- On peut les exprimer, pour les « décharger » sur les autres ;
- On peut les digérer, pour prendre ce qui nous nourrit et évacuer ce qui est inutile ou toxique. »[1]
Car n’oublions pas, elles sont là…
[1] Extrait de la chronique du 12 décembre 2019, d’Elena Foures.
Quand on est manager, confronté à l’expression d’une émotion par un collaborateur (le plus souvent la colère ou la peur), la bonne posture est l’empathie. C’est-à-dire ? eh bien une posture d’accueil et de compréhension, cela ne veut pas dire « partager » ni « prendre en charge ». Par exemple : « j’entends ta colère/peur/…/ je comprends ce qui la déclenche ou je veux bien que tu m’aides à comprendre ce qui la déclenche ».
Pourquoi cette posture empathique est si importante ? Parce que si vous relisez bien l’artiche précédent sur le même thème alors vous vous rappellerez l’importance de pouvoir exprimer son émotion (cela a le mérite de permettre à la charge émotionnelle de « retomber »). Cela peut ressembler, vous savez, à ce soulagement que l’on ressent quand on a réussi à dire ce qui nous pesait depuis longtemps ; cette sensation de légèreté,😄 !
Ignorer ses émotions, bonne ou mauvaise idée?
Choisir d’ignorer les émotions est contre-productif, car elles augmentent le son (voir plus haut). Plus un manager est capable d’interroger le ressenti des collaborateurs, plus il améliore le dialogue, et plus il pourrait se produire un regain de motivation. Et non ce n’est pas magique il s’agit ici d’entretenir la relation humaine, de développer l’intelligence émotionnelle, l’intelligence intra-personnelle.
Ainsi les émotions pourraient être des alliées pour aider à accepter un changement dans une entreprise : par exemple il est question de mettre en place un nouvel ERP qui va « bousculer » les habitudes de travail d’un grand nombre de collaborateurs. On le sait, faire adopter un changement de pratique réveille des craintes varièes qui par conséquent font émerger des résistances. Ici il sera bon d’utiliser la contagion des émotions; pas n’importe lesquelles, bien sûr ! Il va s’agir de s’appuyer sur le ou les collaborateurs qui ne sont pas en difficulté pour gérer un changement et qui sont même des vecteurs d’enthousiasme. Il sera donc bon de les intégrer dans le ou les groupes de travail préparant le projet, ils seront ceux qui seront les ambassadeurs du projet et qui en parleront tôt et positivement : la contagion de l’émotion « joie ».
Autre situation dans laquelle utiliser les émotions peut être un axe de progrès : l’entretien annuel. Dans cet entretien le manager peut avoir différent type de message à transmettre : les positifs (c’est plus facile !) et les moins favorables. Aussi quand le manager prépare l’entretien il est important qu’il ait bien identifié l’objectif et quel message il souhaite faire passer. A ce stade, le manager doit d’abord s’écouter : qu’est-ce que je ressens en préparant cet entretien ? quelle est mon émotion ? quel est mon besoin ?
Ensuite une fois que le manager aura bien clarifié son ressenti, il essaiera de se mettre à la place de l’évalué : quel est SON besoin ? et ainsi essayer d’anticiper ce qui va se passer, il est important de rester à un niveau de discussion cognitif c’est-à-dire connecter les ressentis à une réalité objective.
Quels sont les bienfaits de l’intelligence émotionnelle ?
L’intelligence émotionnelle est une compétence qui se développe et s’entretient, bien maitrisée, elle permet d’agir, entre autres sur la motivation des équipes, mais aussi sur la charge mentale qui peut être alourdie aussi par une charge émotionnelle que l’on ne s’autorise pas à évacuer. Solliciter un coach professionnel peut être un excellent moyen pour développer l’intelligence émotionnelle, car il a une boite à outils qu’il utilisera de manière ciblée et toujours dans le souci du respect de son client (respect de l’écologie du client = un aspect fondamental de l’expertise du coach professionnel[1])
[1] Coach professionnel = coach certifié qui adhère à une charte déontologique.
Alors je le réaffirme : les émotions et les managers font bon ménage ! Le management ne devrait jamais être dissocié de l’intelligence émotionnelle qui me semble être la compétence phare du bon manager.
© 82pourcent – Tous droits réservés – 2021